Table ronde – Convergence DL et DH dans les pratiques de développement

Date: 
09/06/2016

Jeudi 2 juin dernier, le RAFOD organisait une table ronde dans le cadre d’un atelier du réseau des praticiens du développement (30 mai – 3 juin à Lyon), sur la convergence entre Développement Local (DL) et Droits Humains (DH). Les discussions, basées sur des expériences institutionnelles et de terrain, ont permis de mettre en avant le fort lien qui existe entre les deux.

La table ronde, orchestrée par René Valette – ex-vice-recteur de l’Université Catholique de Lyon et président du CCFD – proposait deux temps différenciés. Pendant la première heure, 4 professionnels explicitaient et défendaient l’idée de convergence entre les deux domaines, avant une heure et demie d’échange avec l’ensemble des participants.

Isabelle Lagarde (Grand Lyon) a commencé par mettre en avant l’approche par les droits, privilégiée dans le partenariat signé entre la Métropole Lyonnaise et la ville de Tinca, en Roumanie. Face à l’exclusion de la communauté Rom des droits au système éducatif ou au foncier, le développement passait par la réhabilitation de droits élémentaires. Avec réussite à en croire Mme Lagarde qui souligne qu’aujourd’hui, « le premier endroit de mixité sociale à Tinca aujourd’hui c’est l’école ».

Pascale Vincent (CIEDEL) a mis en avant son parcours, du droit vers l’anthropologie puis le développement local, qui lui a permis d’observer toutes les imbrications qui existent entre ces domaines. Pour elle, le développement local doit travailler sur « ce sur quoi on a le droit de décider, en tant que citoyens et humains », posant la question du droit comme sujet politique.

Mike De Villiers (Irex Europe) a ensuite insisté sur les questions relatives aux droits d’expression et au renforcement des droits locaux. Pour lui, le développement local peut être limité par les droits, et les droits sont une condition au DL. Il est donc urgent d’agir pour protéger les droits à l’heure où « il y a une attaque des Droits Humains dans certains pays, et d’autres copient cette attaque ».

Attaher Ag Iknane (Ministère de la Réconciliation Nationale du Mali) a contribué au propos en prenant l’exemple de la crise violente qui touche le Mali depuis 2012. Pour lui, « cette crise est liée à la fois à l’absence de développement et à l’absence de justice », ce qui lie fortement droit et développement. 

Les débats ont permis de compléter ces propos avec l’appui d’expériences de terrain. Mais ce sont l’introduction et la conclusion d’André Didzarevic, directeur de l’IDHL (Institut des Droits de l’Homme et du Développement) que nous avons choisis pour résumer l’ensemble des réflexions : « Les Droits Humains, c’est l’élément transversal pour les Nations-Unis dans toutes leurs actions, notamment de développement. […] ll faut toutefois être très attentif à l’exploitation des droits de l’Homme comme outil politique ». Autrement dit, les droits humains ne doivent pas servir à imposer une vision unilatérale du développement, mais bien s’inscrire dans des contextes locaux.

Profil des intervenants sur le site du CIEDEL